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PHILOSOPHIE DE L’ECOLE TAKEDA

PAR LE FURINKAZAN

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Le DAIMYO Takeda Shingen utilisait et affichait la fameuse maxime du FURINKAZAN, dont reposait toute sa stratégie de guerre inspirée de Sun Tsu : « Rapide comme le vent, silencieux comme la forêt, mordant comme le feu et immuable comme la montagne ».

La question que l’on pourrait se poser serait : cela concerne-t-il que le domaine de la guerre ? et y a-t-il un hasard concernant l’ordre des vertus énoncées ?

 

FU

« Rapide comme le vent ». Le disciple de l’école est en premier lieu confronté à une éducation primordiale qu’il étudiera toute sa vie : le taisabaki, l’art du déplacement de son corps. Contrairement à d’autres écoles où par exemple la technique de frappe est centrale, ici, de longues heures de répétitions pour apprendre, ou plutôt réapprendre à marcher est nécessaire pour s’approprier son espace, en particulier de son véhicule corporel. Philosophiquement et contrairement à certains styles où l’on étudie prioritairement la notion de renforcement, de stabilité (autrement dit la vertu de terre) , nous étudions dans ce RYU que nous nous dirigeons vers la stabilité par le mouvement, et si ce dernier devient aisé par la maitrise, il est par conséquent rapide. L’élément air est ici tutélaire, le disciple apprend à gagner sa liberté de mouvement pas à pas en passant forme de corps de moins en moins dense .Lors de la pratique, les notion de MA-AI, et de déplacement approprié sont mises en avant, respecter sa distance est primordiale et la notion de justesse (et de justice) dans les gestes est à privilégier.

 

RIN

La seconde vertu est « silencieux comme la forêt », notion très intéressante philosophiquement parlant. Le disciple apprend à ne pas s’agiter durant l’enseignement, il se doit de devenir observateur. Lors de la transmission par le Sensei, comme pour toute réception de l’information ne peut se faire que dans le silence. L’écoute est primordiale sur le chemin du Budo. Le disciple ne peut apprendre correctement que dans le silence et le calme. Le Sensei sait également transmettre  dans le silence, sans justifications, tout en montrant les détails nécessaires sur le moment. La patience est la valeur morale centrale pour avancer sur le chemin du Budo. La qualité de saisie, les DORI, ou la prise de contrôle en général est l’expression pratique de cette valeur. Lors de la pratique, il est absolument nécessaire de ne pas communiquer ses intentions au UKE, car le silence induit également la notion de furtivité et aucun message corporel ne doit nous trahir. Psychologiquement, le calme est une vertu à acquérir progressivement comme si notre intention était de nous effacer pour devenir plus présent que jamais.

 

KA

La troisième vertu implique l’action et la volonté pure. Il est très juste de parler ici de Mordant comme le feu, car c’est ici que la force d’agir se cultive au plus profond de soi afin d’accumuler, rassembler et réorienter l’énergie nécessaire pour qu’elle puisse s’exprimer dans notre pratique martiale. Philosophiquement, l’étudiant doit apprendre à discerner force et violence. il n’est pas question d’être tiède dans ses actions il est avant tout ici une notion de non compromis mais sans déborder dans les excès. L’expression de cette valeur est le KUZUCHI, déséquilibrer son opposant, ou le surprendre.

C’est également ici que remontent les émotions comme la colère, la frustration et la peur. L’étudiant se purifie par son propre feu canalisé lors de la transmission. La pratique induit la valeur de force morale et mentale, L’énergie se libère ainsi au bon moment et à la quantité nécessaire.

 

ZAN

Immuable comme la montagne. L’étudiant travaille ici la vertu de souveraineté de soi. Certes la stabilité de posture est sollicitée,  d’assumer ses choix et au final d’atteindre la sagesse. Dans le Budo, car plus il avancera en niveau, plus il aura des responsabilités. Cette vertu est le parfait reflet de sa progression et de son état d’esprit dans tous les domaines. Le pratiquant se doit de devenir une montagne, il ne recule pas devant l’adversité. Dans l’école Takeda, il s’agit ici de la qualité de la garde, le KAMAE, qui est l’expression de cette valeur.

Il réfléchit sur l’action juste à fournir et prendre les bonnes décisions et adapter ses stratégies. C’est la valeur du guerrier pacifique, il apprend à stopper les conflits et à trouver des solutions sans chercher d’excuses. La montagne est immuable, elle donne l’exemple par sa force tranquille et par le respect qu’elle impose (la terre est ici tutélaire). Le ZANSHIN est le centre philosophique qui exprime l’esprit alerte et éveillé malgré une apparente immobilité.

 

Nous avons réfléchi sur Les 4 vertus des TAKEDA, qui s’inscrivent directement et simultanément  dans la pédagogie martiale et philosophique.

Nous pouvons également constater que l’ordre énoncé n’est pas anodin, car FU incarne le déplacement (nous esquivons et adaptons notre distance) , RIN le contrôle (nous adoptons une prise de contrôle sur l’opposant afin de le fixer), KA la technique (Prise de déséquilibre et projection ou fulgurance en Iaido) et ZAN est la valeur qui relie toutes les notions précédemment citées, car cette dernière exprime l’homme accompli.

 

Il n’y a donc pas de séparation, tout doit devenir unifié en une seule. Il reste une cinquième valeur cachée mais néanmoins présente  dans cette maxime si on sait la regarder. Elle n’est pas exprimée car elle doit être recherchée par le pratiquant après avoir maitrisées les 4 premières : la fluidité exprimée par l’eau, vertu de la maitrise et de l’adaptation en toute circonstance. car il est connu que l’eau peut  briser un rocher et percer la matière. Elle incarne également la notion de cycle et de rythme, car l’étudiant se doit de respecter des cycles d’instructions et de digestion afin de progresser dans les meilleures conditions. Il conviendrait de réfléchir sur l’expression « se méfier de l’eau qui dort »…

 

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